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Audinot. 63
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par chaque repréfentation de nuit et d'envoyer le montant de ladite rétribution chacun jour ou de telle autre manière qui conviendra à l'adminiftration de ladite Académie. Je m'engage en outre de ne faire exécuter dans mon orcheftre ou fur mon théâtre aucuns airs de ballets ou autres tirés des ouvrages reçus et exécutés depuis dix ans à l'Opéra ou à la Comédie-Italienne à l'exception de ceux employés jufqu'à cejourd'hui dans les pantomimes pour indiquer l'efprit ou le fens d'une action et n'ayant aucune con-nexitë avec la danfe ; m'obligeant à cet* égard de ne faire ufage que de la mufique que je ferai compofer exprès pour mon fpectacle et de ne pouvoir cn refufer l'entrée à la perfonne qui fera chargée de veiller à l'obfervation exacte de la préfente foumiffion que je promets réitérer devant notaires lorf-que j'en ferai requis par le directeur général de ladite Académie nommé par arrêt du confeil du 17 mars 1780, lequel confent de la part et au nom de ladite Académie royale de mufique de me laiffer jouir de mon fpectacle et entreprife dans l'état où il eft préfentement, fans aucune innovation ct avec le même nombre de muficiens qui compofent mon orcheftre. La préfente foumiffion faite double entre nous, aura fon effet à compter de ce jour.
« Fait à Paris," le 1" mai 1780.
« Signé : Audinot et Dauvergne, Noverre, Legros, Lasalle. »
Cc traité, la permiffion qui devoit naturellement en être la fuite et que M. le lieutenant général de police lui renouveloit annuellement fans rëferve depuis 1768, les charges fans nombre qu'on lui avoit impofées et qu'il acquit-toit avec une fcrupuleufe exactitude, les peines inappréciables qu'il avoit eues à former fés acteurs et dont il étoit fi jufte qu'il recueillit le fruit, le confen-tement non équivoque du public, tout fembloit garantir au fuppliant la con-fervation d'un fpectacle qui étoit fon ouvrage, où il avoit verfé toute fa fortune ct qu'il regardoit comme une propriété dont on ne pouvoit le priver fans les plus puiffans motifs. Mais le fuppliant étoit dans l'erreur. Deux per-fonnages alors peu connus, les fieurs Gaillard et Dorfeuille, qui avoient déjà échoué dans l'entreprife des fpectacles de Lyon et de Bordeaux, conçurent le projet indécent de mettre à l'enchère les théâtres forains de Paris et de les enlever à ceux qui les avoient fi péniblement créés et qui les gouvernoient depuis leur établiffement avec l'approbation univerfelle.
Us eurent l'art de colorer des démarches fi odieufes et Ia preftation annuelle de 30,000 livres qu'ils offrirent à l'Opéra pour châque fpectacle lui fit oublier les engagemens qu'il avoit contractés avec le fuppliant.
Le traité où repofoient ces engagemens n'étoit cependant pas détruit et s'oppofoit à l'évicdon dont le fuppliant étoit menacé. Mais l'Opéra obtint, le ii juillet 1784, un arrêt du confeilqui parut lui accorder le privilège des fpectacles forains, qu'il avoit déjà, et lui permit de le concéder à qui bon lui fembleroit.
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